Je me souviens encore du moment où j’ai tenu mon bébé dans les bras pour la première fois. Un mélange d’amour infini, de vertige, de soulagement… et, très vite, de fatigue extrême. Ce qu’on ne m’avait pas dit, c’est que devenir maman, vraiment, ça se passe autant après l’accouchement que pendant la grossesse.

Et franchement, je n’étais pas prête.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous partager la vraie vie du postpartum, pas celle qu’on voit dans les séries ou sur Instagram. Celle qu’on vit à 3h du matin, les yeux cernés, le cœur en vrac, le corps en miettes… et pourtant rempli d’amour.

Mon corps, ce champ de bataille

Après mon accouchement, j’ai eu l’impression de ne plus reconnaître mon corps. Mon ventre était vide mais encore là, douloureux. J’avais mal partout : au dos, aux seins, au périnée… Et ces lochies (ces saignements qui durent des jours, voire des semaines) ? Personne ne m’avait prévenue.

Et puis, il y a le regard dans le miroir. Ce ventre qui pend encore un peu, ces vêtements qui ne ferment plus… Pour ma part, à chaque grossesse, j’ai pris entre 20 et 25 kilos. J’en perds une petite dizaine à l’accouchement, mais il en reste beaucoup à perdre ensuite, et ce n’est pas évident. On se sent différente, parfois étrangère à soi-même.

Ce que j’ai appris au fil de mes quatre grossesses, c’est que le corps reprend ses droits… mais doucement. Il faut du temps. Pour moi, ça met environ un an. Et tant que j’allaite, je garde toujours 4 ou 5 kilos en plus. Ce n’est qu’après le sevrage que je “fonds” et que je retrouve un équilibre. J’ai donc appris à laisser mon corps tranquille, à le remercier d’avoir créé la vie, et à ne pas le brusquer.

Je me souviens aussi de mon envie de reprendre le sport très vite après mon premier accouchement. Et puis… je suis retombée enceinte quatre mois plus tard, donc ce projet a été mis de côté. Mais cette envie était bien là, surtout pour retrouver une sensation de contrôle sur mon corps. Avec le temps, j’ai compris que mon corps méritait autre chose : de la douceur, de la reconnaissance, du repos.

Alors maintenant, je prends mon temps. Pendant la première année, je me concentre sur le bien-être plus que sur la performance : un peu de marche, parfois une séance de natation, des étirements, de la méditation… Et puis quand je sens que mon corps est prêt, je reprends le sport vraiment, souvent autour des un an de mon bébé.

On a tendance à vouloir retrouver son corps très vite, surtout après un premier accouchement. Mais moi, j’ai appris à lui dire merci, à lui laisser du temps. Il a créé la vie. Il a porté, protégé, nourri mon enfant. Il a droit à de la bienveillance. Et moi aussi.

Aimer mon bébé et parfois vouloir disparaître

Je l’aimais, oh que je l’aimais. Mais il y a eu des moments où j’aurais tout donné pour avoir juste une heure de silence. Une heure sans pleurs, sans responsabilités, sans ce poids énorme d’être le pilier d’un petit être humain.

Je me suis sentie coupable de penser ça. Mais maintenant je sais : ce n’est pas contradictoire. On peut aimer son bébé profondément… et avoir besoin de respirer.

Me remettre au centre, doucement…

Je pensais que prendre soin de moi, c’était secondaire. Une douche rapide, une tartine grignotée debout, un coup d’œil au miroir. Mais en fait, c’est essentiel. On ne peut pas verser d’eau d’un verre vide.

Alors j’ai commencé petit : 10 minutes de silence, une sieste dès que bébé faisait dodo, le ling attendra… Et surtout : j’ai appris à demander de l’aide. Ce n’est pas un signe de faiblesse. C’est un acte d’amour envers soi-même.

Au fur et à mesure de mes bébés, j’ai appris à déculpabiliser. Quand j’avais mes deux bébés, un de 14 mois et un de un mois, que j’étais seule et bien oui, souvent il y en a qui pleurait car je m’occupais de son frère. Au debut je me dépêchais pour éviter qu’il ne pleure trop longtemps et puis très vite j’ai compris que ça ne servait à rien. Alors je leur ai beaucoup parlé, je leur ai dit que j’étais seule, que leur tour allait venir mais que je devais faire les choses petit à petit. Je me suis apaisée vis à vis de ça, du coup ils se sont apaisés aussi. Ils ont appris à attendre, tout comme lorsque j’avais besoin de prendre ma douche.

Si tu es en plein post partum…

Je te prends dans mes bras, fort. Tu n’es pas seule. Ce que tu ressens est légitime. Ce que tu vis est intense, bouleversant, parfois déroutant. Mais tu es en train de devenir une maman extraordinaire, même si tu ne t’en rends pas compte.

Parle. Entoure-toi. Repose-toi quand tu peux. Et surtout, sois douce avec toi-même.

On ne naît pas mère. On le devient. Un jour après l’autre.

 

Emeline